Est-ce que les IDEL peuvent vacciner ?

Avant d’entrer dans le détail, il est essentiel de bien faire la différence entre deux notions souvent confondues : administrer un vaccin (vacciner) et prescrire un vaccin.

Dans cet article, nous nous concentrons uniquement sur la vaccination, c’est-à-dire l’administration d’un vaccin.

Tous les IDEL peuvent administrer certains vaccins sans prescription médicale, dans un cadre strictement défini par la réglementation. Cette capacité à vacciner répond à un besoin croissant d’accessibilité aux soins de prévention sur l’ensemble du territoire.

Depuis plusieurs années, le cadre réglementaire de la vaccination par les infirmiers libéraux a beaucoup évolué. La loi de santé publique et les décrets qui l’accompagnent ont élargi leurs compétences, notamment dans un souci d’améliorer la couverture vaccinale et de désengorger les structures de soins.

Le décret n°2022-610 du 21 avril 2022 puis le décret n°2023-736 du 8 août 2023 ont permis aux IDEL d’administrer (et pour certains, prescrire) plusieurs vaccins, selon une liste établie par arrêté. Ces textes ont précisé les conditions d’exercice, les obligations de traçabilité, et les limites liées à certains profils de patients (personnes immunodéprimées, femmes enceintes, etc.).

L’autorisation de vacciner est donc encadrée, mais bien réelle. Elle s’inscrit dans une stratégie de prévention vaccinale et repose sur des fondements solides : l’accès facilité aux soins, la proximité avec les patients et une montée en compétences progressive.

Aujourd’hui, les IDEL peuvent pratiquer l’acte vaccinal dans le respect des protocoles définis, avec un objectif clair : participer activement à la politique vaccinale nationale.

Tous les vaccins ne sont pas concernés par l’autorisation des IDEL. Une liste précise, mise à jour régulièrement par les autorités de santé, encadre les produits pouvant être administrés par les infirmiers libéraux.

Depuis les derniers décrets, les IDEL peuvent vacciner contre une vingtaine de maladies : la grippe saisonnière, la coqueluche, le tétanos, la poliomyélite, l’hépatite B, le papillomavirus humain (HPV), la rougeole, la rubéole, les oreillons, la méningite, la varicelle, etc. Cela couvre les vaccins du calendrier vaccinal pour les enfants comme pour les adultes.

Ils peuvent administrer certains vaccins sans prescription médicale, à condition que le patient ait 11 ans ou plus et n’entre pas dans une catégorie à risque nécessitant un suivi spécifique.

Cependant, certains vaccins restent exclus, notamment les vaccins vivants atténués chez les personnes immunodéprimées. Ces cas spécifiques exigent une prescription médicale préalable et une administration en milieu hospitalier ou par un autre professionnel de santé autorisé.

La capacité à vacciner dépend aussi de l’âge du patient. Par exemple, l’administration est possible chez les personnes de 11 ans et plus (sauf exceptions mentionnées dans les textes officiels) sans prescription médicale préalable. La vaccination des nourrissons nécessite quant à elle une prescription médicale préalable.

La vaccination à domicile fait partie intégrante de l’offre de soins des IDEL. Elle permet de toucher des populations éloignées des centres médicaux ou dans l’incapacité de se déplacer. Mais cette pratique est encadrée par des conditions strictes.

L’IDEL doit d’abord s’assurer que le vaccin peut être administré hors d’un cadre hospitalier. Il doit respecter les règles de conservation des produits, la chaîne du froid et le consentement éclairé du patient. En cas de doute (allergies, antécédents médicaux complexes), la coordination avec un autre professionnel de santé est fortement recommandée.

Dans tous les cas, l’acte vaccinal doit être tracé, sécurisé et inscrit dans le carnet de vaccination du patient ou son dossier informatisé.

Cette pratique répond à une logique de santé publique de proximité : aller vers les patients, maintenir un lien de confiance, éviter les ruptures de soins, et améliorer la couverture vaccinale globale.

Non, aucune formation spécifique n’est exigée pour pouvoir administrer un vaccin en tant qu’IDEL.

Les infirmiers libéraux peuvent pratiquer l’acte vaccinal dans le respect du cadre réglementaire sans obligation de formation complémentaire, dès lors qu’ils respectent les protocoles en vigueur (notamment ceux définis par la HAS) et que l’acte est autorisé par les textes.

En revanche, comme pour tout soin technique, il est recommandé d’actualiser régulièrement ses connaissances, notamment sur :

• les conditions de conservation des vaccins,
• les gestes d’injection (intramusculaire ou sous-cutanée),
• la traçabilité,
• la surveillance post-injection et la gestion des effets indésirables.

Cela relève de la démarche qualité et sécurité des soins, mais ne constitue pas une obligation légale.

Les IDEL sont autorisés à vacciner un large public dans un cadre réglementaire bien défini. Leur rôle dans la politique vaccinale nationale est essentiel : ils assurent un accès facilité à la prévention, en ville comme à domicile.

La vaccination est un acte de soin à part entière, qui mobilise à la fois expertise, éthique, rigueur et engagement. En maîtrisant ce champ de compétence, les infirmiers libéraux affirment pleinement leur rôle dans la continuité et la qualité des soins.

Sources : Ministère de la Santé, HAS, Légifrance