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L’AFGSU face aux urgences gériatriques

Auteur
Orion Santé
Publié le 12 septembre 2025
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Les urgences gériatriques exigent des réactions à la fois rapides et nuancées. Urgences gériatriques au domicile, en EHPAD ou en cabinet libéral, elles interrogent : comment l’AFGSU aide-t-elle les IDEL à faire face à ces situations particulièrement délicates ? Quels sont les pièges clinique et les adaptations indispensables ? Et surtout : comment une information adaptée transforme-t-elle une attitude incertaine en geste sûr ?

Comment l’AFGSU prépare aux urgences gériatriques ? 

Quand un infirmier libéral est confronté à une urgence gériatrique, les réflexes doivent être solidement ancrés. L’AFGSU (Attestation de Formation aux Gestes et Soins d’Urgence) Niveau 2 offre cette base indispensable. Cette formation vise à outiller les soignants pour identifier et agir face à une urgence vitale, en milieu libéral ou structure médico-sociale. 
Elle développe des compétences techniques comme le massage cardiaque, la désobstruction des voies aériennes, la défibrillation, ainsi que la communication efficace avec les secours, deux piliers face à la fragilité et la complexité des patients âgés. 

 

Dans le cadre des urgences gériatriques, cette préparation devient cruciale. La personne âgée présente souvent une polypathologie ou encore une polymédication (5 à 8 médicaments/jour). Le formateur guide les IDEL pour repérer, en quelques secondes, les signes de dépendance iatrogène ou les interactions médicamenteuses. L’AFGSU permet ainsi un diagnostic initial plus fiable et une meilleure orientation vers les services compétents ou le SAMU.

 

Enfin, la formation insuffle une culture commune de gestion des risques (biologiques, chimiques, etc.), essentielle face à une population vulnérable. En réalité, elle offre bien plus qu’un ensemble de gestes : une capacité à anticiper, adapter et sécuriser les soins quand chaque minute compte. 

 

 

Quelles particularités des urgences gériatriques pour les IDEL ? 

Les urgences gériatriques ne se ressemblent pas. L’état de santé d’un patient âgé se distingue par une interaction complexe de fragilité, comorbidité, perte d’autonomie et altération des fonctions cognitives. Face à cela, l’IDEL doit adapter son approche technique…mais aussi humaine. 

 

D’abord, les signes sont atypiques et silencieux : une infection peut se traduire par une confusion plutôt qu’une fièvre, une insuffisance cardiaque par une chute, etc. La prise en charge exige donc la capacité à lire ces signaux discrets. Ensuite, la durée de passage aux urgences est souvent plus longue : seules 33% des personnes de plus de 75 ans y restent moins de quatre heures, contre 59% tous âges confondus (SFMU, 2025). Cela peut entraîner fatigue, confusion ou déshydratation, des éléments aggravants chez les seniors. 

 

Par ailleurs, les IDEL gèrent fréquemment ces urgences au domicile, sans l’appui immédiat d’un service hospitalier. L’AFGSU les prépare à coordonner l’alerte, identifier un environnement à risque (chutes, obstacles, dénutrition) et intervenir avec des moyens limités. En somme, l’IDEL devient un véritable maillon de sécurisation pour le patient âgé vulnérable. 

 

 

Pourquoi les urgences gériatriques exigent une approche adaptée 

Les urgences chez la personne âgée soulèvent plusieurs défis spécifiques. Par exemple, l’hospitalisation post-urgence est beaucoup plus fréquente : 56% des plus de 75 ans sont hospitalisés après une visite aux urgences, contre 17% des patients de 15 à 74 ans, soit un risque multiplié par 2,6. Ce taux élevé accroît le risque de dépendance iatrogène, qui atteint environ 12%, dont 80% seraient évitables (Ministère des Solidarités, 2022). 

 

De plus, les seniors attendent beaucoup plus longtemps, tensions structurelles obligent : en 2025, la moitié des patients aux urgences passe plus de trois heures dans le service, soit 45 minutes de plus qu’en 2013 (DREES, 2025). Quant au manque de lits, la France a perdu 43000 lits en hospitalisation en dix ans (-11%), notamment en gériatrie, ce qui retarde l’admission des patients âgés et aggrave les conséquences cliniques (Cap retraite, 2025). 

 

Tous ces paramètres imposent à l’IDEL une vigilance renforcée et une adaptabilité maximale. Grâce à l’AFGSU, il sait repérer les facteurs aggravants, adapter les gestes à la fragilité, et maintenir une communication efficace avec les équipes hospitalières, afin d’optimiser le parcours de soin. Cette adaptation n’est pas optionnelle : elle conditionne la qualité de vie de la sécurité du senior en situation d’urgence. 

 

 

Quels sont les risques spécifiques aux urgences gériatriques ? 

Dans les urgences gériatriques, plusieurs risques particuliers exigent vigilance et anticipation. L’iatrogénie liée à la polymédication est un exemple : chez les seniors, entre 4 et 8 médicaments/jour sont la norme, parfois davantage, et 30 à 60% des effets indésirables pourraient être évités par une meilleure conciliation médicamenteuse. En contexte d’urgence, sous l’effet du stress, cette vigilance est d’autant plus cruciale. 

 

Ensuite, il y a le risque de réhospitalisation ou d’orientation inadaptée : une étude menée au centre hospitalier de Martigues montre qu’après la mise en place d’une équipe de coordination gériatrique d’urgence (ECGU), les hospitalisations initiales ont chuté de 37%, les réadmissions à un mois ont diminué de 65,5%, et les erreurs d’orientation ont diminué de moitié (de 29,24% à 13,88%) (France Alzheimer, 2025). Ces chiffres parlent d’eux-mêmes : une approche spécialisée réduit les risques et améliore la qualité du parcours patient. 

 

Enfin, le retard dans l’admission et la fatigue prolongée dans les urgences peuvent entraîner une dégradation clinique rapide, surtout chez un patient âgé, fragile. Ainsi, l’IDEL doit rester alerte aux signes de déshydratation, de confusion, d’hypoxie ou de chute, et agir rapidement même hors structures hospitalières. 

 

 

Comment les IDEL assurent la prise en charge gériatrique ? 

Les infirmiers libéraux sont souvent le premier lien d’urgence face aux urgences gériatriques. Grâce à l’AFGSU, ils détiennent les gestes techniques, mais aussi la posture adaptative : repérer la fragilité, alerter, rassurer et agir avec clairvoyance. 

 

Lorsqu’un IDEL intervient, il évalue la situation, adapte ses gestes (ex. position latérale de sécurité adaptée si suspicion de traumatisme vertébral, compression douce mais ferme en cas d’hémorragie…), communique précisément les observations médicales au SAMU ou aux urgences, et prépare au transfert. Surtout, il anticipe les complications (épuisement, hypothermie, confusion), organise un relais avec les aidants, et garantit une continuité des soins sécurisée. 

 

La coordination gériatrique, comme à Martigues, est un modèle idéal : présence d’un gériatre, d’infirmières spécialisées et d’un travailleur social permet aux IDEL de s’appuyer sur un réseau pour limiter les hospitalisations évitables et les réadmissions. En pratique, l’IDEL devient le chef d’orchestre d’une prise en charge fluide, humaine et adaptée aux besoins du patient âgé. 

 


Sources : Ministère des solidarités, DREES, France Alzheimer, Cap retraite
 

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