Les plans de secours : leur rôle en cas d’urgence
Orion Santé

Que sont vraiment les plans de secours ?
Les plans de secours sont des dispositifs prévus par les autorités publiques pour organiser la réponse face à une situation de crise majeure. Leur objectif est clair : sauver le maximum de vies en un minimum de temps grâce à une mobilisation coordonnée des secours, des hôpitaux et parfois même des collectivités locales.
Historiquement, c’est la loi du 13 août 2004 relative à la modernisation de la sécurité civile qui a renforcé l’importance de ces plans. En France, on distingue notamment le plan ORSEC (Organisation de la Réponse de Sécurité Civile), qui constitue le socle national de gestion des catastrophes. Selon le Ministère de l’Intérieur (2022), ce plan définit les responsabilités, les moyens et les procédures à activer selon la nature de l’événement (inondations, accidents technologiques, crises sanitaires).
L’OMS rappelle que la rapidité de mise en œuvre est décisive : lors du séisme de Haïti en 2010, les premières 72 heures ont été cruciales, mais l’absence de plan structuré a entraîné une désorganisation majeure, avec des conséquences dramatiques (OMS, 2011). Cet exemple illustre parfaitement pourquoi les plans de secours ne sont pas de simples documents administratifs, mais de véritables outils opérationnels.
Comment les plans de secours sont-ils organisés ?
Un plan de secours repose toujours sur une organisation hiérarchisée. En France, le plan ORSEC s’articule autour d’une logique modulaire : chaque événement déclenche l’activation d’outils adaptés (cellules de crise, équipes spécialisées, moyens logistiques).
Prenons l’exemple du plan blanc, spécifique aux établissements de santé. Il permet de réorganiser rapidement l’hôpital pour faire face à un afflux massif de victimes, comme cela a été le cas lors des attentats de Paris en 2015.
Autre déclinaison : le plan rouge, déclenché sur le terrain lorsqu’il y a un nombre important de victimes à secourir. Les services de secours mettent en place un triage rapide (système « START »), qui permet de catégoriser les patients selon la gravité de leur état. Selon une étude de Santé publique France (2019), ce type d’organisation permet de réduire la mortalité de 20 % en cas d’accident collectif.
Les plans communaux de sauvegarde (PCS) complètent le dispositif, en associant les maires à la gestion locale des crises (inondations, incendies). Ils visent à coordonner les ressources locales (hébergements, communication avec la population).
Quels plans de secours concernent les professionnels de santé ?
Pour les soignants, les plans de secours ne sont pas de simples notions théoriques. Ils impliquent une adaptation rapide du quotidien, avec parfois un changement total d’organisation.
Le plan blanc concerne directement les structures hospitalières, mais ses répercussions touchent aussi les acteurs de ville. Lors de la pandémie de COVID-19, son déclenchement a conduit à une priorisation des soins et à une réorganisation massive des parcours patients. Selon un rapport de la HAS (2021), plus de 70 % des établissements de santé français ont activé ce dispositif entre mars et mai 2020.
Pour les professionnels libéraux, c’est le plan communal de sauvegarde qui a souvent le plus d’impact. Il mobilise les ressources locales et peut solliciter les soignants de proximité pour soutenir la population. Exemple concret : lors des inondations de l’Aude en 2018, les soignants de ville ont été intégrés aux dispositifs de soutien logistique et psychologique, en coordination avec les secours publics (Santé publique France, 2019).
Enfin, le plan ORSEC sanitaire implique une coopération renforcée entre agences régionales de santé (ARS), hôpitaux et professionnels de terrain. L’OMS (2022) rappelle que cette dimension interprofessionnelle est essentielle pour garantir la résilience des systèmes de santé face aux crises.
Pourquoi les plans de secours sauvent-ils des vies ?
L’efficacité des plans de secours repose sur la rapidité, la coordination et la prévisibilité. Sans plan, chaque acteur improvise, ce qui allonge les délais de prise en charge et augmente la mortalité.
Une étude du Lancet Public Health (2018) a montré que dans les pays dotés d’un plan national structuré, le temps médian de réponse aux catastrophes naturelles était de 24 heures, contre 72 heures dans les pays dépourvus de tels dispositifs. Les plans de secours permettent aussi d’éviter la saturation des hôpitaux. La mise en place du plan national canicule a réduit significativement l’impact des vagues de chaleur, avec une baisse estimée de 40 % de la surmortalité lors des épisodes récents (Santé publique France, 2022).
Comment s’entrainer aux plans de secours ?
Un plan de secours n’est efficace que si les acteurs savent comment réagir le jour J. C’est pourquoi l’AFGSU intègre une sensibilisation à ces dispositifs.
Les formations insistent sur l’importance du rôle de chacun : savoir alerter, appliquer les consignes, participer au triage ou organiser un poste de secours avancé. L’INRS (2021) rappelle que la répétition est essentielle : un professionnel formé et entraîné réagit deux fois plus rapidement qu’une personne qui découvre le dispositif en pleine crise.
Des exercices grandeur nature sont régulièrement organisés. Selon Santé publique France (2020), plus de 200 exercices de simulation ORSEC ont lieu chaque année en France, impliquant parfois plusieurs milliers de participants. Ces mises en situation permettent de tester la chaîne de commandement, d’identifier les failles et d’améliorer la réactivité des équipes.
Sources : Santé publique France, INRS, INSERM, OMS, ARS