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Consentement du patient et traçabilité vaccinale

Auteur
Orion Santé
Publié le 7 juillet 2025
Nouveauté
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Le consentement du patient et la traçabilité vaccinale sont deux piliers incontournables de la vaccination en France. Et pourtant, ce sont aussi deux notions parfois floues pour les patients... comme pour les professionnels de santé. Qui doit recueillir le consentement ? Sous quelle forme ? Et surtout : que dit la réglementation sur la traçabilité d’un acte vaccinal ?

Vaccination : pourquoi recueillir le consentement du patient ? 

Avant toute vaccination, il y a un principe fondamental : aucun acte médical ne peut être réalisé sans le consentement libre et éclairé du patient. Ce n’est pas juste une formalité. C’est un droit inscrit dans le Code de la santé publique. Et ce droit implique bien plus qu’un simple « oui » rapide. Pour être valable, le consentement doit être personnel, c’est-à-dire donné par le patient lui-même, informé, après avoir reçu toutes les explications nécessaires, et réversible à tout moment, ce qui signifie que le patient peut changer d’avis jusqu’à la dernière minute. Ce principe, inscrit dans le Code de la santé publique, garantit le respect des droits de chaque personne.

En pratique, cela signifie que la personne doit avoir reçu une explication claire sur le vaccin : le type d’injection, les effets secondaires possibles, les bénéfices attendus, et les risques potentiels. Pas besoin d’un jargon médical compliqué : ce qui compte, c’est que l’échange soit compréhensible. Et ce, peu importe le niveau de connaissances de votre interlocuteur. Car oui, informer, c’est aussi rassurer.

Ce recueil du consentement peut être oral, mais il doit absolument être mentionné dans le dossier de soins. Une traçabilité écrite est indispensable pour prouver que la personne vaccinée était bien d’accord. Cela fait partie des obligations légales, au même titre que la documentation de l’acte lui-même.

Dans certains cas, un document de consentement signé peut être utile, surtout si le patient présente des doutes ou si la situation sort du cadre habituel (vaccin hors calendrier vaccinal, situation d’urgence, refus initial...). L’essentiel reste le respect de l’autonomie du patient et de sa liberté de choix. Car vacciner sans consentement, c’est enfreindre non seulement la loi, mais aussi l’éthique professionnelle.


 

Traçabilité vaccinale : que faut-il renseigner ?

Une fois le vaccin administré, il ne suffit pas d’éliminer la seringue. Il faut aussi penser à la traçabilité vaccinale, cette étape-clé qui garantit un suivi fiable du parcours vaccinal du patient. Et aujourd’hui, cette traçabilité est au cœur des exigences de qualité et de sécurité des soins.

Alors, que doit-on noter exactement ? Le nom du vaccin, le numéro de lot, la date d’injection, le site d’injection (bras droit, gauche), le nom du professionnel de santé et, bien sûr, la confirmation du consentement. Tout ça doit être renseigné dans le carnet de vaccination, le carnet de santé, le Dossier Médical Partagé (DMP) ou tout autre support numérique sécurisé. L’objectif : permettre un suivi clair et accessible à tous les acteurs de santé concernés.

À ce sujet, une part importante de la population adulte présente des retards ou des absences de rappels vaccinaux, en particulier pour le vaccin DTPolio. La couverture vaccinale à 25 ans n’atteignait que 60%, bien en dessous de l’objectif de 95% fixé par les autorités sanitaires. Ce constat reflète un manque de suivi du calendrier vaccinal, souvent lié à une traçabilité insuffisante ou à l’oubli du carnet de vaccination (Santé publique France, 2022). 

La traçabilité numérique permet aussi de détecter rapidement des effets indésirables ou des erreurs de lot, et de protéger les populations. Certaines innovations technologiques comme la blockchain médicale commencent même à être explorées pour garantir une sécurité maximale des données, tout en respectant les exigences du RGPD.

Enregistrer une vaccination, ce n’est pas une corvée administrative : c’est une étape essentielle pour protéger chacun… et tout le monde.


 

Consentement et vaccination à domicile : quelle pratique ?

La vaccination à domicile est une vraie solution de proximité, surtout pour les personnes isolées ou peu mobiles. Mais cela ne dispense en rien du respect des règles de consentement et de traçabilité vaccinale. Bien au contraire : ce contexte demande une vigilance accrue.

Quand on intervient chez le patient, il faut s’assurer qu’il comprend bien la nature de l’acte, surtout s’il est âgé, fragile ou peu informé. Expliquer simplement, répondre aux questions, reformuler si nécessaire... c’est tout l’art de la pédagogie bienveillante. Le recueil du consentement éclairé reste bien entendu indispensable, même sans formulaire papier sous la main. Une mention dans le dossier de soins ou dans le logiciel professionnel suffit pour en garder trace.

Concernant la traçabilité, l’enregistrement des données peut se faire à distance, via un accès au DMP ou à des applications de suivi vaccinal sécurisées. L’important est que l’acte ne soit jamais laissé sans trace, car une vaccination non documentée est, juridiquement parlant… comme si elle n’avait jamais eu lieu.

À ce sujet, il apparaît que l’enregistrement numérique systématique des actes de vaccination n’est pas encore une pratique généralisée

Ce déficit de traçabilité complique le suivi vaccinal des patients adultes, en particulier lorsqu’ils ne disposent ni d’un carnet de vaccination à jour, ni d’un Dossier Médical Partagé (DMP) actif. Résultat : les rappels sont souvent oubliés, les antécédents mal connus, et les décisions de revaccination reposent parfois sur des déclarations incertaines. C’est d’autant plus préoccupant que la couverture vaccinale reste en deçà des recommandations pour de nombreux rappels adultes (Santé publique France, 2024).


 

Outils de traçabilité vaccinale : comment s'y retrouver ?

Dans la pratique, plusieurs outils permettent d’assurer une traçabilité vaccinale rigoureuse. Le carnet de vaccination papier, toujours utile, surtout chez les personnes âgées. Le DMP, véritable carnet de santé numérique. Et enfin, les logiciels de soins utilisés lors des actes à domicile ou en cabinet.

Certains logiciels professionnels intègrent automatiquement l’enregistrement du vaccin avec la date, le lot et les observations éventuelles. L’idée, c’est d’éviter les oublis. Mieux encore, ils peuvent être interopérables avec le DMP, ce qui permet à d’autres professionnels d’avoir accès aux données en toute sécurité.

À noter aussi : la plateforme Vaccin Covid, créée durant la pandémie, a montré qu’un système centralisé et bien conçu pouvait améliorer la surveillance et la gestion des campagnes de vaccination. Depuis, cette expérience a inspiré d’autres outils en cours de développement, notamment autour de la sécurisation des données par blockchain ou par cryptage avancé.

Mais attention, tout cela ne dispense pas du bon sens : un outil reste un outil. C’est l’usage qu’on en fait qui garantit la qualité du suivi. Et cela commence par une saisie rigoureuse, un horodatage précis et une identification claire de l’acte vaccinal.


 

Droit du patient : entre refus et responsabilité

Et si le patient refuse le vaccin ? Cela arrive plus souvent qu’on ne le pense. Et c’est son droit absolu. Aucun professionnel ne peut forcer à la vaccination. Mais ce refus, pour être valable, doit lui aussi être éclairé. Le patient doit comprendre ce qu’il refuse, et quelles pourraient être les conséquences de ce choix.

C’est là qu’intervient la responsabilité professionnelle : informer sans juger, expliquer sans insister, écouter sans brusquer. Le respect de la volonté du patient est une règle d’or. Mais cela n’empêche pas d’inscrire le refus dans le dossier de soins, pour garder une trace écrite. C’est essentiel, tant pour le suivi médical que pour la protection juridique du professionnel.

Il existe aussi des situations où le patient change d’avis. C’est pourquoi un refus ne doit jamais être considéré comme définitif. Une relation de confiance, une bonne information, parfois un peu de temps... et le dialogue peut aboutir à une décision différente, plus tard.

Enfin, la confidentialité des échanges et des données de santé reste cruciale. Le respect du RGPD est une exigence, mais aussi une garantie pour le patient. Car pour accepter un soin, il faut d’abord se sentir en sécurité. Voilà pourquoi la traçabilité et le consentement sont indissociables dans une démarche de soins de qualité.



Sources : Vaccination info service, HAS, Santé Publique France

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