Nutrition et cancer du sein : quel accompagnement possible ?
Orion Santé

Vous vous demandez comment ajuster l’alimentation pendant une chimiothérapie ? Quels aliments privilégier pour soulager les nausées ou retrouver de l’énergie ? Ou encore, en quoi les infirmiers peuvent accompagner au mieux les patientes sur le plan alimentaire ?
Sans oublier une autre interrogation de taille : la nutrition peut-elle influencer la survie ou la récidive du cancer du sein ? Et qu’en est-il des régimes « anti-cancer » que l’on voit circuler sur Internet ? Démêlons le vrai du faux, en nous appuyant sur des données fiables et récentes.
Comment la nutrition soutient le traitement du cancer du sein
Pendant un traitement du cancer du sein, le corps est mis à rude épreuve. Chimiothérapie, hormonothérapie ou radiothérapie viennent perturber l’équilibre interne. Et c’est là que la nutrition adaptée entre en jeu. Elle permet non seulement de maintenir l’énergie nécessaire, mais aussi de limiter certains effets secondaires comme les nausées, la perte d’appétit ou les troubles digestifs. Une alimentation ciblée peut véritablement soulager les patientes.
Par exemple, augmenter les protéines permet de soutenir la masse musculaire, souvent mise à mal par les traitements. Certains aliments riches en acides gras essentiels ou en antioxydants comme les oméga-3 ou les vitamines A, C et E participent à la réduction de l’inflammation et au renforcement du système immunitaire. Ce n’est pas un remède miracle, mais une vraie béquille pour mieux vivre le parcours de soin.
Des études récentes montrent que les patientes ayant un bon statut nutritionnel tolèrent mieux les traitements, récupèrent plus vite et présentent moins de complications post-thérapeutiques. Près d’un patient sur deux atteint de cancer est concerné par la dénutrition, ce qui impacte directement la réponse aux traitements et la qualité de vie (INSERM, 2025).
Pourtant, une évaluation précoce de l'état nutritionnel, comme le recommande la Haute Autorité de Santé, pourrait améliorer significativement les résultats. Maintenir un équilibre nutritionnel adapté, même face aux effets secondaires, n’est donc pas anodin : c’est un véritable levier pour optimiser les chances de guérison.
On parle donc ici d’une stratégie globale, et non d’un régime particulier. Adapter les habitudes alimentaires au fil des étapes du traitement, c’est une démarche complémentaire de la prise en charge des soins. C’est l’équilibre nutritionnel qui fait la différence.
Cancer du sein : pourquoi surveiller l’alimentation ?
Lorsqu’un cancer du sein est diagnostiqué, l’impact sur l’organisme ne vient pas uniquement de la maladie en elle-même. Les traitements modifient le métabolisme, augmentent les besoins énergétiques, et génèrent souvent des effets secondaires qui nuisent à la prise alimentaire. D’où l’importance d’une surveillance nutritionnelle régulière, adaptée à chaque patiente.
Les troubles du goût, la fatigue, les troubles digestifs ou la perte de poids involontaire peuvent rapidement entraîner une carence nutritionnelle, voire une dénutrition. Et pourtant, ces signes sont parfois minimisés. La nutrition personnalisée devient alors un axe thérapeutique complémentaire : elle aide à stabiliser le poids, à maintenir une qualité de vie satisfaisante, et à préserver la force physique et mentale.
Mais attention, surveiller ne signifie pas contrôler de manière stricte. Il s’agit d’accompagner avec bienveillance, d’ajuster les repas, de comprendre les blocages. Le comportement alimentaire change naturellement face au stress et à la maladie. Un bon accompagnement permet d’éviter les pièges classiques : éviter de tomber dans la suralimentation émotionnelle, ou à l’inverse dans des restrictions inutiles.
Les apports nutritionnels essentiels : cancer du sein
Face au cancer du sein, l’alimentation doit être adaptée, mais surtout équilibrée. Il ne s’agit pas de bannir tel ou tel aliment sans réflexion, mais de garantir à l’organisme ce dont il a besoin pour se défendre. Protéines, fibres, antioxydants, bons lipides : chacun a un rôle à jouer.
Les protéines sont essentielles pour préserver les muscles et accélérer la récupération. Elles se trouvent dans les légumineuses, les œufs, les poissons, les produits laitiers. Les fibres alimentaires, elles, facilitent le transit souvent ralenti par les traitements et limitent l’inflammation. Quant aux antioxydants, on les retrouve dans une alimentation riche en fruits et légumes colorés, qui participent activement à la réparation cellulaire.
Les vitamines du groupe B, ainsi que les minéraux comme le zinc, le sélénium et le fer, contribuent aussi au bon fonctionnement du système immunitaire. Et bien sûr, l’eau reste primordiale : l’hydratation permet d’éliminer les toxines et de limiter la fatigue.
Une alimentation riche en phytonutriments, notamment ceux présents dans les crucifères (brocolis, choux, navets), est associée à une réduction du risque de récidive. Une consommation régulière de fruits rouges, riche en polyphénols, a également démontré un effet protecteur sur les cellules saines pendant les traitements.
Adapter son régime alimentaire ne signifie pas forcément tout changer. Mais il est capital d’éviter les carences et de maintenir des apports caloriques suffisants, même en cas de fatigue ou de perte d’appétit.
Le rôle du suivi nutritionnel pour le cancer du sein
Lorsqu’on parle de nutrition et cancer du sein, le suivi personnalisé est un pilier central. Et ce suivi ne se limite pas à quelques conseils diététiques. Il s’agit d’un accompagnement global, qui s’adapte à chaque phase du traitement, et surtout à chaque patiente. Car oui, toutes les femmes ne vivent pas la maladie de la même façon, et toutes n’ont pas les mêmes besoins.
Ce suivi nutritionnel individualisé permet d’anticiper les difficultés, de les repérer rapidement et d’y répondre efficacement. Une perte de poids soudaine ? Des troubles du transit persistants ? Un découragement face aux repas ? Ces signaux, lorsqu’ils sont identifiés à temps, peuvent être corrigés, souvent avec des ajustements simples. Cela permet de prévenir la dénutrition et d’améliorer la tolérance aux traitements.
Au-delà des chiffres, ce qui compte, c’est l’écoute, la régularité et la personnalisation. C’est aussi une façon d’aider la patiente à redevenir actrice de sa santé, à retrouver confiance en son corps et en ses capacités de récupération.
Sources : Institut National du Cancer, HAS, INSERM